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Avril au pas de course

Le 17 april 2016 quelque part en Europe de l'Est

Les bois lithuaniens au printemps. Le sol gris-brun jonché de feuilles mortes en décomposition. Il a plu récemment. Partout, on peut sentir l’odeur de la mousse et de la boue. Ici et là de petites fleurs fragiles montrent leurs pétales. Leur teinte violette est plus ou moins foncée, en fonction de leur âge et de la lumière qui filtre à travers les branches des pins. Les tronc de ces derniers sont fins comparés à ceux du Canada et leur couleur brune passe au rouge à mi-hauteur. Ils sont grands, fins, rapprochés. Quand la brise souffle, leur plainte se fait entendre; le grincement de leur frottement les uns contre les autres. Le ciel est gris, il ne pleut plus, une légère brise se fait sentir, une rivière coule gentiment en contre-bas, quelques oiseaux s’égaillent dans les arbres.
Couchée dans l’herbe d’une clairière, regardant les branches bouger dans le vent, les nuages flotter en un camaïeu de gris, un souffle caressant mon visage, j’aurais pu m’endormir.

J’étais arrivée le matin même à Vilnius, en Lituanie, par le bus de 7 h 25 en provenance de Varsovie, en Pologne. La nuit avait été mauvaise, comme seuls peuvent le garantir les trajets de 450 kilomètres en bus de nuit.
Après avoir mis mon sac en consigne et pris un petit déjeuner à la volée afin de regagner un peu d’énergie, le corps épuisé et l’esprit en éveil, excité à l’idée de revoir la nature, de communier avec la simplicité des herbes folles et du vent plutôt que de se faire submerger par la complexité du béton et des gens, j’avais rencontré Jamil, mon hôte, et nous nous étions dirigés vers la gare, point de rendez-vous pour une randonnée en campagne.

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Là, un train nous emmènerais à Vievis, Jamil, moi, les vingt-huit autres lithuanien et le chien letton (seul autre étranger de la troupe). Autant dire que la solitude n’étais pas au programme.
De Vievis, nous avions commencé notre marche, au pas de course. Nous avions suivit les méandres de la rivière sur vingt kilomètres déjà. Quatre heures à une allure militaire. Une pause il y a deux heures, une autre maintenant. La première n’avait duré que 15 minutes. Pas une de plus. Juste assez longue pour avaler de quoi pouvoir continuer. Notre instructeur, celui qui détenait la carte, la montre et, à voir sa façon de marcher, une jambe de bois à ampoules intégrées, s’était assuré que nous ne trainions pas.
Les bois auraient pu être une bénédiction, si seulement nous avions le temps d’en profiter… Mais le programme en voulait autrement : il nous fallait atteindre Rykantai à temps pour monter dans le train qui nous ramènerait à Vilnius. Le temps nous était compté, impossible de se perdre dans la contemplation des couleurs changeantes ou d’humer la brise et le parfum des fleures, impossible de goûter à l’humidité des sous-bois et au contact des arbres, impossible de s’émouvoir du murmur de la rivière. Le temps fuyait, il nous fallait le rattraper et redoubler de vitesse.

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Les quelques trente-et-un kilomètres furent parcourus en un peu moins de six heures. Nous arrivâmes à temps pour grimper dans les wagons pour Vilnius, engloutir une bière et attraper un dernier bus pour regagner notre antre.

Se reposer sera pour une autre fois.

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Une course enragée dans la foret qui illustre parfaitement mon marathon européen et mes arrêts bien trop rapides à Strasbourg, Nuremberg, Munich, Prague, Olomouc, Krakow, Warsaw, Vilnius, Riga, Tallinn et Helsinki. Le tout en moins d’un mois.


Pas de repos pour les braves. La Russie n’attends pas. En avant, marche!

 © 2025 | Elsa Chesnel

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