Sur la route, 3ème partie
Étape 3 : de Marseille à Paris
ou "Pas besoin de passer de frontière pour avoir des problémes"
8 janvier 2016
Après de longues recherches sur différents sites web, j’ai finalement trouvé mon bonheur : ponctuel, calme, respectueux, raisonnable…
Ennuyeux? Peut-être; mais idéal pour ce type de relation à la fois douce et de courte durée. Cependant, il se réservait aux détenteurs de carte de crédit française. Il était vénal comme ça. Il fallait bien qu’il ait un défaut. Il avait l’air si bien sur le papier que je ne voulais pas le laisser passer, et je demandais donc à ma soeur de venir à ma rescousse. Dans sa gentillesse, elle arrangea les choses ente lui et moi, et c’est à ce moment que les choses commencèrent à se gâter entre nous.
Ce billet de train, qui m’emmènerait d’une traite de Marseille à Paris, fut reçu par ma soeur À Paris. « Pas de problème, pensa-t-elle, la Poste est là pour ça ». Ansi, ce précieux bout de papier fut envoyé le jour même dans une enveloppe suivie, direction Boulouris, où je pourrais le réceptionner trois ou quatre jours plus tard.

Sur la Cote d’Azur, deux semaines s’écoulèrent entrecoupées des allers-retours des uns et des autres. On célébra Noël les pieds dans le sable, petitement vêtus, sirotant une bière bien fraiche, profitant de la douce brise et de la vue imprenable sur la mer bleu profond et les falaises rougeoyantes.
Deux semaines s’écoulèrent et la boîte-aux-lettres demeurait vide. Pendant ce temps à Paris, les numéros de suivi attendaient bien sagement le retour de ma soeur, partie elle aussi en vacances, sur le rebord de la cheminée.

Dans les premiers temps, on ne s’était pas soucié du retard. En effet, la Poste est réputée pour ne jamais être dans les temps, même quand elle n’est pas en mesure se prévaloir d’une grève. Mais il faut dire aussi que la Poste est connue comme le loup blanc pour ce qui est d’égarer les choses, et même selon ses propres critères, cette enveloppe était maintenant sacrément en retard.
De plus, il était temps pour moi de quitter les plages et palmiers enchanteurs de ma jeunesse pour me rendre à Marseille la blanche où l’appartement de maman nous ouvrirait ses portes.

Mon doux billet n’étant toujours pas arrivé, je partais donc bredouille.
Lors de son retour à Paris quelques jours plus tard, la fameuse enveloppe étant toujours perdue dans les limbes, ma soeur se dirigea vers le bureau de poste, munie de ses numéros, pour se renseigner sur l’état d’avancement de l’envoi. Là-bas, une fois surmontés la queue labyrinthique, les multiples redirections, l’incompétence du personnel et les formulaires manquants, elle obtint finalement une réponse.
La réputation des services postaux français n’étant plus à faire, elle continue toutefois à se bonifier : ils avaient réussit à perdre l’inégarable. Les numéros de suivi étaient désormais insuivables. Il se pouvait que le billet de train ait été envoyé. Ou pas. Il se pouvait qu’il se trouve toujours ici. Ou qu’il soit là-bas. Voila tout, et au revoir chère madame.

S’ils ne pouvaient rien y faire, je ne pouvais sûrement pas en faire d’avantage. Il ne me restait plus qu'à prier pour un miracle. Carpe Diem, advienne ce qu’il adviendra.
C’est dans cet esprit que j’attendis patiemment le dernier jour que je passerai dans le Sud de la France pour retourner chez ma grand-mère. Dans ses étages, je mettais la main sur mes passeports (le français et le canadien) ainsi que sur mon permis de conduire international et autres papiers tout aussi peu utiles qui s’étaient avérés introuvables pendant environ une semaine et que j’avais espéré retrouver là. En elle-même, cette trouvaille aurait suffit à rendre ma journée exceptionnellement agréable, mais en plus... Oh merveille... Oh prodigieux miracle... que dans son ivresse infinie le dieux des services postaux soit béni entre tous! Ce jour même, à midi, fièrement postée à l’orée de la boîte-aux-lettres, que voyais-je? L’enveloppe contenant le billet de train!
La chance étant avec moi, je me dépêchais de retourner à Marseille pour faire mes bagages et partir le soir même pour Paris.